• Cela paraît facile à dire comme ça mais face aux patients, aux collègues que l'on côtoie régulièrement, pour qui on est "l'ortho sympa", la collègue qui a toujours 5 minutes, cela peut relever d'un vrai challenge... Et j'ai quelques expériences dans ce domaine qui m'ont vraiment mise en situation délicate, de devoir dire "NON", parfois (trop) tard...

    Afin de ne pas me laisser submerger par l'affect, j'ai essayé de modéliser la prise de décision de dire "NON".  Je me pose donc les questions suivantes :

     

    #38 Trouver du temps (Part. 3) : dire NON

     

     

    1ère question : La demande qui m'arrive relève-t-elle de ma compétence spécifique ?

    1er cas : La tâche ne relève pas de ma compétence spécifique => dire NON et réorienter vers le professionnel adéquat

    Ex : maman désemparée m'apporte le PAP, le dossier Mdph à remplir. 

    C'est le rôle du médecin (scolaire), j'ai fourni les documents nécessaires, je n'ai pas à pallier les contraintes administratives d'autres alors que je croule sous les miennes.

    2ème cas : la demande relève de ma compétence, je PEUX le faire mais ce n'est pas ma compétence SPÉCIFIQUE  => dire NON

    ex : la maman de Louloute me demande si je peux lui imprimer la pièce jointe de l'email hyper important qu'elle vient de recevoir et dont elle a besoin tout de suite car la date limite c'est aujourd'hui et elle n'a plus d'encre dans son imprimante.

    Je l'ai fait.... 2 fois. La première maman ne m'a jamais rien demandé d'autre. Avec la seconde, je suis partie dans un engrenage de demandes de services incessantes et à chaque fois, cette petite phrase tournait en boucle dans ma tête "oh, après tout, je PEUX le faire.." J'ai été jusqu'à dépanner son imprimante de domicile qu'elle a apportée lors de la séance de son enfant ; montrer comment mettre de la musique sur un CD / une carte SD ; filmer une vidéo pour un projet de physique au collège ("ben oui on n'est que 2 alors vous comprenez, il faut quelqu'un pour filmer et c'est pour demain..."... Elle a même été jusqu'à me faire demander à mon mari  - qu'elle savait de langue anglaise - de corriger le devoir de son fils... (Il y a passé des heures !! Un week-end inoubliable...)

    Quand je retrace tous ces événements, je me demande vraiment comment j'ai pu laisser faire si longtemps et ne pas dire non avant ...  Et le jour où j'ai enfin dit "NON" tout simplement, sans animosité, sans justification, tout s'est arrêté comme par magie.

     Ce qui nous motive à dire oui dans ces cas clairs où l'on sort du cadre professionnel : la peur de vexer ? De blesser la personne? Et pour ma part, je pense, un espèce de syndrome du sauveur, un besoin de reconnaissance immédiate que mon job d'ortho ne m'apportait pas (cf. syndrome de l'imposteur). On se dit qu'après tout, ça ne nous coûte pas grand chose de rendre tel service (après tout, on a une imprimante et du papier en quantité ; après tout, je sais mettre de la musique sur carte SD etc.) Or, nous n'avons pas une relation amicale, mais d'ordre professionnel; je n'ai pas à pallier son manque d'organisation administratif, son ignorance technologique. Ce n'est pas mon rôle. 

     

     3ème cas : la demande relève de ma compétence spécifique => passer à la 2ème question

    ex : Je suis invitée à l'ESS de Bonhomme/ Madame me demande des documents sur tel ou tel sujet ou un "petit courrier" pour l'instit, le prof...

    2ème question : la demande est-elle justifiée ?

    Les demandes qui nous arrivent sont à juger en fonction de notre cadre légal  (notre convention, notre statut d’auxiliaire médical) et vous serez amenés à dire non en invoquant le secret professionnel et le respect de la NGAP (un bilan au bout de x séances)

    Pour ceux qui ne le connaîtraient pas,  le site suivant recense des situations auxquelles nous sommes régulièrement confrontées concernant le secret professionnel et vous permettra d'orienter vos réponses http://helofraitag.wixsite.com/secret-et-ortho 

    Au delà du cadre légal, en ce qui concerne les demandes de papiers divers, le renvoi au compte-rendu de bilan est souvent un bon recours car il contient tous les éléments que les parents voudraient avoir dans le fameux "petit courrier". Sinon, lorsqu'une demande vous arrive, essayez de la faire reformuler  pour savoir ce qui est vraiment attendu, cela vous permettra de proposer de répondre à la demande sous une autre forme plus adaptée pour vous.

    ex : Mme A : "la maîtresse voudrait un petit courrier car il y a bientôt la réunion pour X." => Ortho : "savez-vous ce qu'elle attend de ce courrier ? Avec votre accord explicite, elle peut me téléphoner et nous pourrons échanger oralement sur tel et tel point concernant votre enfant."

    Si la demande est justifiée,  passer à la 3ème question. Par exemple, vous êtes conviée à l'ESS de X ; le bilan de Y est ancien et une petite note d'évolution serait pertinente...

    3ème question : la demande peut-elle être différée ?

    Le caractère d'urgence des demandes est tout relatif....

    1er cas : la demande ne peut être différée, je dois y répondre dans un temps court.

    ex : Mme me demande des documents s sur la dysphasie car elle voit l'instit en rdv dans une heure et demie / la famille m'invite à la réunion d'ESS qui a lieu dans quelques jours.

    Face à ce type de demande dans des temps imposés, je me pose une autre sous-question : est-ce que ce temps court de réponse imposé est de mon fait ? Ou est-ce que je n'ai pas été prévenue dans un délai que je considère comme acceptable? 

    Dans mon premier exemple, le rdv avec l'institutrice n'a sûrement pas été pris du jour au lendemain, et Mme aurait pu me faire la demande avant que ma matinée du mercredi ne commence. Je lui ai donc répondu que je ne pourrai pas imprimer les documents pour qu'elle les ait au moment où elle dépose son fils en séance mais que nous pourrons prendre quelques minutes au début de la séance pour cela.

    Dans le second exemple, dans ma décision de me rendre aux Equipes éducatives, je me décide en fonction des éléments suivants :

    - le nombre de patients à annuler (la perte financière),

    - le fait que l'on m'ait demandé mon avis/mes disponibilités pour caler une date

    - le délai entre l'annonce et la tenue de la réunion

    - la complexité du cas/ la facilité de communication avec l'école

    2ème cas : la demande peut être différée pour y répondre quand cela m'arrange et je le planifie avec un temps réaliste.

    ex : la collègue qui toque à la porte " tu aurais 5 minutes ?" en pleine rédaction de CRBO/les notifications téléphoniques...

    Si vous avez la chance d'avoir du temps de présence administratif au bureau, il est important de préserver ce temps et de ne pas hésiter à entrer en mode "deep work". Ce qui veut dire protéger votre espace de travail et ne pas autoriser les interruptions :

    - mode "avion" pour le téléphone

    - Forest focus (cf #11) sur l'ordi (ou couper le wifi)

    - Pancarte de porte : ne pas déranger SVP

    - Dire à la personne qui vous interrompt de vous envoyer un petit topo écrit (mail/messenger) pour y répondre plus tard: ça permet parfois à la personne de clarifier sa demande et du coup, elle n'a plus forcément besoin de vous finalement !

    Pour planifier les petites choses à faire  pour lesquelles il n'a pas été possible de dire non malgré tout, rappelez-vous de faire simple et concis, d'utiliser des trames, de planifier à l'avance le temps à y consacrer (cf. la loi de Parkinson publi #6)

    Et vous ? Vous êtes-vous trouvé comme moi à regretter d'avoir "cédé" à des demandes surréalistes ? Je suppose que cela nous arrive à toutes dans nos débuts... c'est comme ça qu'on arrive à trouver/poser son cadre...

     

    nb : Bien sûr, ces idées ne sont que des guides et il arrive que l'on déroge à nos propres règles en toute conscience, mais lorsqu'une demande ou une flopée de demandes nous donnent le sentiment d'être débordée sans trop savoir pour quelle raison, il peut intéressant de les analyser sous ces angles  pour y voir plus clair et adapter notre réaction si nécessaire.

     

     

     

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